L’édito de la semaine
Haaa, Nietzsche, Nietzsche, Nietzsche. Ce bon vieux Friedrich. Traversant une vie où la mort fut cinglante dès le plus jeune âge, les amitiés, déchues, et la maladie, rampante (il a d’ailleurs fini complètement marteau), Nietzsche reste l’un des plus grands penseurs des temps modernes. On ne se risquera pas ici à tenter de résumer sa doctrine : d’une part, la philosophie nécessite un temps qui nous manque, d’autre part, elle exige une intelligence qui nous fait défaut.
On vous recommandera cependant la lecture de Généalogie de la morale, qui permet notamment de saisir pourquoi l’équipe “Moustache tremblante & tics de l’épaule droite” y a vu un banger à récupérer. Une hérésie, puisque si sa soeur a plus que fricoté avec la team du H, la pensée de Freddie était elle bien en totale opposition avec les chemises brunes, qui n’avaient (“étonnamment”) rien bité à ses écrits.
Nietzsche, parmi ses nombreuses punchlines (autrement plus convaincantes que les pleurnicheries d’Amélie Oudéa-Castéra sur les vilains journalistes, son salaire à la FFT ou encore l’enfer de l’école publique dans le 6ème arrondissement), a notamment lâché celle-ci :
Le mensonge le plus fréquent est celui qu'on se fait à soi-même ; mentir aux autres n’est, relativement, qu'une exception.
Ainsi, à défaut des créations d’Iris Van Herpen, dont on vous parlait brièvement ici, ou de Paco Rabanne avec sa robe à disques, la plupart des mirages et des trompe-l’oeil qui nous traversent seraient d’abord de notre fait.
Un constat qui s’étend facilement à la mode. Si des Total, Ryan Air, Wolkswagen ou Coca-Cola nous ont clairement habitué à n’avoir aucune morale, la mode n’est pas forcément beaucoup mieux lotie. Confrontée à une réelle opacité, notamment de sa chaine de production (désirée, subie… ou dont on s’arrange bien - sûrement la plus courante), on la voit plus souvent serrer très fort les fesses en priant de s’éviter un scandale que mettre les moyens nécessaires à devenir (vraiment) plus clean.
Quand on dialogue avec des pro de la RSE au sein de l’industrie textile, force est d’admettre la sincérité de leur engagement et de leurs convictions en tant qu’individus. Malheureusement, on ne peut que constater leur capacité à se leurrer sur les effets réels de leurs efforts. Eux qui s’échinent à en faire une industrie plus honorable depuis l’intérieur jouent plus souvent le rôle d’idiots utiles que de révolutionnaires effectifs. Parce qu’ils ne sont pas ceux qui décident. On a d’ailleurs une pensée pour le staff de Patagonia : la marque qui s’est érigée en bouclier de la nature, et dont le fondateur s’est même régulièrement exposé personnellement, a fini par se faire épingler par Follow The Money l’année passée. Ils ont dû l’avoir mauvaise. Nous aussi.
Et puis on a réfléchi : après tout, si on s’est fait avoir comme des lapins de trois semaines, c’est aussi parce qu’on le voulait bien. Qu’on avait aimé cette jolie histoire qu’on nous racontait et choisi d’y croire, quand il était presqu’évident qu’une marque de cette envergure ne pouvait être totalement propre. Peut-être même que la transparence se joue désormais ailleurs, à l’image de l’approche d’Embassy of bricks and logs, qui ne cache pas produire en Chine, ni sur des bases textiles synthétiques et s’en explique ici. Ça n’attire pas particulièrement nos faveurs (et on aurait à redire sur certains de leurs arguments), mais au moins, ça a le mérite d’être plutôt honnête.
Ne nous montrons pas décourageants (ni nihilistes) : sans croyance, qui prend parfois la forme d’une crédulité naïve, pas d’optimisme. Sans optimisme, pas d’idéal. Et sans idéal, pas d’action ni de mieux. Pas la peine non plus d’hurler au boycott absolu de Patagonia : ce ne sont pas les pires et ici, tout le monde ou presque a une paire de Nike chez soi, marque autrement problématique et cynique.
Cependant, si nous voulons réellement influencer l’état du monde, il nous faut être honnêtes avec nous-mêmes. Les marques ne changent pas assez vite et le chemin le plus court vers un impact raisonné est d’adapter nos comportements. La mode écologique n’existe d’ailleurs pas et celle-ci ne sera jamais zéro carbone, quand bien même nous savons désormais faire du cuir avec des champignons. Lorsque nous consommons, nous polluons. Raison de plus pour le faire de façon consciente, avertie et (très) mesurée.
Bon week-end !
L’outfit de la semaine x Doudou
Le long sleeve
Le long sleeve est sans doute le vêtement le plus répandu dans mon armoire. Il est vrai qu'Off-White a quelque peu abusé en apposant sa célèbre croix partout sur ce vêtement, et que les marques de skate en ont fait leur pièce maîtresse. Cependant, cela n'entache en rien son utilité première : être un vêtement stylé, parfait pour la mi-saison (ou bien l’hiver, s’il est associé à un haut bien chaud mais respirant). Véritable atout lorsqu'il est associé à une veste légère, j’apprécie sa tonalité “pratique” de vêtement qui semble pouvoir être malmené, comme un bleu de chauffe. Je suis d’ailleurs toujours surpris de voir ce vêtement incarné par les créateurs courant sous les applaudissements à la fin de leurs défilés. Je vous mets l’indémodable de Patagonia en référence, que je vous recommande évidemment plutôt d’acheter en seconde main.
La veste
Stüssy, enracinée dans la culture surf et skate, a une histoire riche en inspirations. Il est fascinant de voir comment cette marque a contribué à façonner l'industrie du streetwear. Stüssy a inspiré la création de nombreuses autres marques, telles que GOODENOUGH de Hiroshi Fujiwara, Phat Farm de Russell Simmons, et le style de marques comme X-Large, SSUR et Freshjive.
Au rayon des collaborations notables, celle avec Tekla - leur troisième déjà ! Destinée à la maison et à la plage, allant des tenues de nuit aux draps en passant par les peignoirs, elle se distingue par une teinte vibrante de Berry à l'effet aquarelle, ainsi que par une réédition limitée des Hand Drawn Stripes. Si vous êtes adepte du style décontracté de Stüssy, cette collaboration est une aubaine qui vous permettra d'ajouter une touche de décontraction à votre intérieur. Si je vous en parle, c’est parce que c’est elle qui m’a convaincu de m’intéresser de plus près à cette marque.
Un choix salutaire, puisque j’ai déniché cette veste qui s'adapte à toutes les occasions avec ses poches à double aiguille, ses boutons shank marqués et son patch en daim sur l'ourlet arrière. Son caractère unisexe la rend encore plus polyvalente, je crois bien que quelqu’un va me la piquer à la maison !


Le bonnet
Ce n'est qu'en découvrant leur article sur Pat Morrow, le célèbre alpiniste, aventurier, cinéaste et écrivain canadien, que j'ai été intrigué par la marque Ostrya. L'histoire de Pat Morrow, ses exploits et ses explorations à travers le monde, m'ont amené à m'intéresser de plus près à cette marque à la croisée de la technique et de l'esthétique.
Ostrya propose des équipements et de vêtements de montagne, techniques mais au design progressiste. La marque montréalaise se caractérise par une approche ludique de la pratique des sports de plein air et une affirmation de ses racines québécoises sur la scène internationale.
Pour me couvrir les oreilles, j’ai donc opté pour leur bonnet léger et chaud, conçu à partir d'un mélange robuste de polyester et de laine mérinos.



Le jogging
Il est indéniable que la musique a le pouvoir de nous influencer, même dans le choix de nos vêtements. Après avoir beaucoup écouté "Hbiki" de Bad Bunny, j'ai cru que je pouvais tout me permettre, y compris me sentir “habillé” en jogging.
J’enfonce peut-être des portes ouvertes, à l’heure où la street culture est devenue la nouvelle pop culture, mais pour moi, le jogging est bien plus qu'un simple vêtement de confort. Il donne de l’intensité à un style, à condition d'être choisi avec soin. C'est ici qu'intervient Awake NY.
Les collections saisonnières d'Awake NY s'inspirent de l'éclectisme du New York des années 90, tout en proposant des silhouettes affinées et des basiques de fabrication nationale. La marque élargit sa gamme chaque saison, y compris avec des pièces taillées sur mesure, devenues des incontournables ces dernières années.
Au-delà de sa croissance mondiale, la communauté reste un pilier fondamental pour Awake NY. La marque collabore avec de nombreuses organisations locales et nationales, apportant un soutien aux communautés défavorisées chaque fois que possible. Parmi ses partenaires figurent Building Black Bed-Stuy, Children of Promise, NICE, Sky High Farm, Scope of Work (SOW) et bien d'autres. Awake NY travaille en étroite collaboration avec chaque organisation pour identifier les besoins au sein du réseau de chaque partenaire respectif.
En portant mon jogging par Awake NY, je m'assure de concilier style urbain, confort et engagement communautaire et politique, même si rien ne doit nous faire renoncer à interpeler les institutions et à exiger d’elles qu’elles travaillent davantage au bien commun.
Les chaussures
Lors d’une discussion avec Antoine, celui-ci m’a fait part de son affection pour la marque Filling Pieces. Epris de leurs chaussures depuis 2017, date de son premier achat chez eux, je me suis penché sur le sujet.
D’une grande qualité textile, produites au Portugal, cette marque hollandaise propose des modèles de sneakers classiques, voire habillés, et des design plus radicaux, un peu à la façon d’un Axel Arigato - même si leur DA n’ont en réalité pas grand chose en commun.
À une époque où les baskets plates, telles que les Adidas Samba, reviennent en grâce, Filling Pieces propose sa propre lecture du mouvement avec la Sprinter Dice Black. Confortable et luxueuse, elle est fabriquée à partir de cuir pleine fleur, associé à du nappa et du nubuck soigneusement sélectionnés pour obtenir un équilibre et une profondeur de design parfaits. La chaussure est doublée d'une matière végétalienne durable au niveau du talon et d'une doublure en mesh pour la respirabilité et le confort, évitant ainsi toute sensation de transpiration.
En résumé, on est sur une paire de sneakers “presque” clean, et c’est chose peu courante dans l’industrie. La qualité de sa confection en fait un objet résistant, que vous pourrez porter plusieurs années (pour peu que vous ne les passiez pas en machine, on sait jamais, on préfère le rappeler).
Je suis convaincu qu'un enjeu majeur de notre garde-robe réside dans le choix de baskets polyvalentes et durables. Les chaussures Filling Pieces incarnent cet idéal, s'adaptant à n'importe quel look. Livrée avec un jeu de lacets bicolores supplémentaires, vous pourrez personnaliser votre style à votre guise.
Une paire qui marie style, confort et longévité : voilà un joli trésor et un achat éclairé.


Allez, on vous dit à la semaine prochaine. Bon week-end !
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Un projet ? Pour contacter le studio, c’est juste là : lescourbes@klang.media
Pas sûre que Nietzsche apprécie d’être mentionné dans la même phrase qu’Amélie Oudéa-Castéra mais moi ça m’a bien fait 😂. Belle intro 👌