L’édito de la semaine
Qu’il s’agisse d’environnement, de politique ou bien d’amour, on fait souvent de la complexité la dépositaire consacrée du profond, du grave, de la sophistication même (sauf pour parler d’une interview de Gazo : “Ha ouais c’est complexe…” revêt ici un tout autre sens).
Mais la complexité n’est parfois rien d’autre qu’un leurre dont on se sert pour justifier nos égoïsmes et nos petites lâchetés, en les camouflant habilement derrière un prétendu insoluble (ha, cette obsession pour l’irrémédiable tragique qui autorise le défaut de responsabilité…). On l’oppose d’ailleurs souvent à une simplicité qui serait, elle, primitive et baignée au mieux de naïveté, au pire de stupidité : terrible abus de langage.
Il existe des chefs-d’oeuvre parfaitement simples. On pense à L’Ignorance par exemple, signé feu Kundera. Un roman essentiel pour se figurer l’Autre, qu’il s’agisse de celui qui vit en nous ou bien en face, sur fond de récit d’exil, écrit avec des mots qu’un enfant pourrait comprendre. Ou bien à Aftersun, de Charlotte Wells : l’amour filial, le deuil, le pardon, la douleur, l’inexorable, tout y passe, sans jamais avoir à être dit, démontré, expliqué, sans jamais nécessiter de fer pour être marqué. Et pourtant on en ressort avec la poitrine décousue.
Côté mode, la chemise blanche de Yohji Yamamoto (2012) ou la robe de Bottega Veneta de la même couleur (2010) viennent rappeler que les pièces iconiques ne naissent pas toujours de la grandiloquence. Phoebe Philo, roulant désormais pour elle-même après avoir fait Chloé et Céline, nous gratifie aussi d’une philosophie aux accents minimalistes et plutôt intemporels. Jil Sander, dont nous vous parlions ici, s’inscrit également dans cette mouvance.


En réalité, dans le simple se forme l’évidence - et l’évidence n’est parfois rien d’autre que le génie qui s’offre, candide, à des yeux impréparés. Le simple, c’est une rébellion nécessaire face aux sirènes d’un abstrait qui ne serait qu’abscons. Un retour à l’essence, au coeur, au souffle. Un acte de courage aussi. Car s’appliquer à faire jaillir ce que ce monde a de plus authentique impose avant tout de se confronter à soi-même... et à ses propres mensonges.
Alors cette semaine, Doudou a décidé de faire simple côté tenue. Parce que si Les Courbes sont arabesques, elles se veulent vraies et sincères. Bon week-end !
L’outfit de la semaine x Doudou
Le sweat
Ma philosophie en matière de mode a toujours été axée sur une approche équilibrée : privilégier l'achat de basiques adaptés à un usage quotidien, tout en sélectionnant des pièces fortes pour rehausser ces fondamentaux.
Uniqlo a réussi à séduire de nombreux adeptes de la mode avec des collections telles qu'Uniqlo U, conçues en collaboration avec des talents comme Christophe Lemaire. Ces collaborations offrent des produits intéressants, mais il est temps de pousser sa réflexion plus loin et de rechercher ce que je qualifierais de "basiques durables" et qui ont une moralité plus conséquente.
Un vestiaire n’est viable '“écologiquement” que s’il est ajourné de 5 pièces par an : jeter son dévolu sur des intemporels en premier lieu est d’une impérative nécessité (et y mettre le prix aussi, pour s’assurer de se doter de pièces de qualité textile supérieure). On peut ensuite se servir des fameuses 5 pièces par an pour y ajouter des pièces phares des saisons, qui donneront une tonalité plus contemporaine à nos outfits. Et intemporel ne signifie pas nécessairement fade.
Prenons l'exemple du sweat-shirt, dont l'origine remonte au domaine militaire. L’approche sportive et le travail effectué sur ceux de New Balance par Teddy Santis sont séduisants. Honnêtement, je ne trouve pas de meilleure qualité à ce prix, et l'éventail de couleurs proposé est un vrai plus.



La doudoune
Les origines de la doudoune remontent à presque un siècle, lorsque M. Eddie Bauer l'a inventée, ayant fait l’expérience traumatisante de l'hypothermie lors d'une partie de pêche. Pour lui, la priorité était la chaleur et la fonctionnalité, et non simplement la protection contre un froid modéré en chemin pour le travail.
N’étant pas exposés au risque d'hypothermie au quotidien, une doudoune peut sembler excessive et les variations de température (hello le métro bondé qui fait dégouliner), peuvent rendre le port d'une doudoune inconfortable. Les manteaux plus ajustés, qu'il s'agisse d'un élégant pardessus en laine ou d'un manteau plus décontracté, offrent une option plus versatile et plus '“habillé”, comme en témoigne le look de Kendall Roy made in Loro Piana, dans Succession.
Mais aujourd'hui, je penche en faveur de la doudoune, en particulier celle de la marque Arc'teryx, gamme Thorium. Si la gamme référence des modèles hommes et femme, mon choix s’est arrêté sur un modèle femme, que ma corpulence me permet de porter. Ceci en raison des coloris disponible (quand les marquent diversifieront-elles enfin les gammes de couleurs pour hommes ?).
Isolante, et conçue pour allier performance, confort et durabilité, elle bénéficie d’un duvet d’oie grise chaud et moelleux au pouvoir gonflant de 750 cuin, issu de filières responsables, ainsi que d’une matière extérieure légère et ultrarésistante à l’abrasion en nylon. Pour celles et ceux qui voudraient à tout prix éviter les plumes, il existe chez Aigle des alternatives de type parka, produites avec du glucose de maïs etdu polyester recyclé.
Pour le métro, et bien, j’ouvrirai en grand, histoire de ne pas transpirer.


Le pantalon
Lorsque mes amis me demandent quel pantalon choisir pour une tenue quotidienne, je jure toujours ne pas avoir de réponse toute faite. Cependant, d'une manière ou d'une autre, je cherche toujours à leur présenter le pantalon idéal... pour eux. Car le choix du pantalon basique dépend grandement de votre morphologie. Etant de corpulence très fine (vous allez finir par le savoir), je peux porter de la coupe droite ajustée en évitant complètement l’effet slim, là où Morgan et Antoine, assez trapus, doivent se montrer plus vigilants et prendre en guise d’intemporel des coupes légèrement plus looses.
Bien que nous soyons amateurs de choix audacieux et de coupes recherchées en matière de mode, on parle aujourd’hui d’intemporels. Et un intemporel, c’est une pièce “simple”, souvent économe dans le design sans être austère pour autant. Des marques telles que Dickies proposent des options de pantalons intemporels facilement trouvables en seconde main sans aucun problème. Mon choix personnel se porte sur le "Pantalon De Travail 874 Original".


Dickies était célébré pour sa fiabilité, mais ce qui nous plaît chez les Courbes, c’est aussi son incarnation par Tupac, qui a apporté une touche personnelle en ornant sa célèbre salopette de l'emblématique inscription "Thug Life," propulsant ainsi cet habit au rang d'icône. Tupac a arboré cette tenue avec assurance, composée d'une salopette en denim bleu, d'un sweat à capuche ample et d'un bonnet à rayures. En toile de fond, des grillages évoquaient les barrières d'une institution pénitentiaire, renforçant le message de rébellion que Tupac a toujours revendiqué dans son style vestimentaire distinctif.
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