L’édito de la semaine
Salut les cool kids,
On vous envoie la missive de cette semaine depuis l’île d’Yeu, les pieds collés à une cheminée d’époque. C’est pas mal les feux. Ça cautérise les plaies et ça parfume les pulls. Juste avant, on a été se faire gifler par les embruns et la pluie à flanc de falaise. Un vieux nous a raconté que ça lavait l’âme, mais pour le moment, on a surtout hérité d’un pantalon trempé (et aux dernières nouvelles, notre vertu n’a pas grandi du moindre nautique).
C’est calme ici. On marche beaucoup, et puis, on fait du vélo. Ou ce qu’il en reste, à savoir pas mal de rouille, un guidon comme les ailes brisées d’un oiseau et une chaîne branlante qui pend mollement dans un sonnet de ferraille. À chaque claquement, on se dit qu’elle va rendre l’âme. Et finalement, elle tient bon jusqu’à la plage. Un peu comme l’île. Elle aussi, elle a tenu bon.
C’est quelque chose, une île. Un bout de roche paumé au milieu des eaux, qui a résisté à tout, à la fois isolé du monde et tout offert à lui. Comme un chez soi qui invite à l’exil, pour mieux prétendre au retour. Une hostilité en laquelle on trouve refuge, aussi. Après tout, quoi de plus efficace que l’océan hurlant pour tenir éloignés les fracas du monde, son bruit incessant, ses braillements intempestifs, sa cacophonie résolue qui écorche nos oreilles résignées. C’est peut-être pour ça, le mutisme des iliens. Et c’est pas pour nous déplaire.

Parce qu’on a beau jeu d’associer le verbe sonore au progrès civilisationnel, mais chez Les Courbes, on trouve que le recours constant à l’expression de soi plutôt qu’à l’intériorité pour faire l’expérience de l’existence alimente souvent un gouffre où les pensées vides trouvent un écho facile.
Max Picard, philosophe suisse du 20ème siècle, s’émouvait d’ailleurs de cette “rumeur” incessante comme il l’appelait, y voyant la promesse de notre extinction. Avant lui, Sénèque nous invitait déjà à nous méfier du bruit. L’hispano-romain, forcé par Néron de se suicider après l’avoir servi comme tuteur, vivait dans une rue animée, à proximité d’un gymnase. Il avait donc rapidement renoncé à s’opposer au “sonus”, inévitable et naturel : c’est bien la voix, “uox”, qu’il nous encourageait à utiliser avec parcimonie, arguant que le silence était nécessaire à l’intelligence. Essentiel pour faire société, il permet de se découvrir, d’écouter l’autre… et d’apprendre. Sans lui, la parole est vaine.
Une leçon que l’industrie de la mode serait bien inspirée de méditer. S’il n’est pas question de réclamer la mise à mort nette du marketing, on aimerait tout de même qu’elle s’interroge davantage sur la nécessité et la pertinence de dire autant, aussi souvent. Notamment lorsqu’elle s’émeut dans une indignation de salon de ce que le monde vacille ou qu’elle romantise la violence sociale à des fins mercantiles.
Ces industries sont aussi, par leurs storytellings incessants, source de pollution. Le comble ? Une grande part des productions ne sortent en réalité jamais. Un immense gâchis de ressources, de temps, d’énergie humaine et d’énergie tout court, avec l’impact environnemental que l’on connait. C’en est devenu un tel naufrage économique et productif que des groupes comme L’Oréal ont décidé de prendre le problème à bras le corps et comptent bien sur l’IA pour rationaliser l’affaire... on vous laisse juger de l’ironie de la chose.
Un futur plus désirable semble donc aussi passer par un monde moins vocal. Et si “Nul homme n’est une île”, comme l’écrivait John Donne, imiter André et Jeanne dans Le silence de la mer nous apparaît plus que jamais être un acte de résistance légitime. Alors pour l’heure, on va la boucler et retourner regarder les vagues.
On vous laisse avec l’outfit de la semaine de Doudou et cette perle du compositeur japonais Koki Nakano, pour rester dans le thème.
Hissez haut, et bon week-end !
L’outfit de la semaine x Doudou
La chemise
Cette semaine, je voulais mettre à l'honneur une tenue empreinte de sérénité. J’en ai donc choisi une évoquant la mer et le ciel, dans toute leur palette de bleu. Cette teinte occupe une place importante dans ma garde-robe, tant pour sa capacité à jouer sur les émotions que pour la luminosité qu'elle confère. Que vous ayez l'envie de prendre un grand bol d'air au soleil ou de vous promener aux abords de la Bourse du Commerce, le bleu se révèle toujours être un choix judicieux.
Pour cette occasion, j'ai opté pour une marque qui me tient à cœur : SUNFLOWER. Une garde-robe masculine contemporaine, qui allie design sobre et intelligent à un profond respect des traditions de la taille. Cette marque aspire à offrir de véritables habits de vie, conçus pour accompagner l'homme au quotidien. Chaque pièce se doit d'être empreinte de cette "petite chose" spéciale, rendant son port naturel, comme si, d'une certaine manière, elle avait toujours fait partie de nos essentiels.
Je porte une chemise aux motifs floraux, avec des touches de nuances noires translucides qui l'entourent. Ça tombe juste, et contrairement à ce qu’on pourrait penser, on ne ressemble pas à un touriste américain qui demande s’il peut mettre des glaçons dans son verre de rouge : essayez.


Pour compléter cette chemise, je recherchais un jean bleu avec une coupe ample vers le bas. C'est ainsi que ma promenade m'a mené à la boutique The Frankie Shop, située rue Saint-Claude.
Le Jean
Ce lieu est un véritable écrin de beauté, et la sélection de marques qu'il propose stimule immédiatement l'envie d'explorer et de toucher. J'y ai trouvé mon bonheur avec un jean de la marque propre de TFS, qui se distingue par son caractère unisexe. Cette particularité est idéale, car elle offre une grande liberté dans le choix des chaussures et invite à la créativité.
Mon conseil serait le suivant : rien ne vaut la démarche de se rendre en boutique pour voir et essayer un vêtement avant de l'acheter. C'est une belle routine qui contribue à l'élaboration de votre style personnel.
Les Chaussures
J'ai vécu mon enfance et ma jeunesse au rythme de l'ascension de la marque Ferragamo. À l'époque, je ne réalisais probablement pas encore à quel point mon intérêt pour la mode deviendrait central, mais Ferragamo avait déjà étendu son influence jusqu'à Dakar. Je me rappelle que tout le monde cherchait à faire sensation avec la célèbre ceinture estampillée du nom de la marque. Une approche un peu “show off”, qui contraste avec la sobriété que Ferragamo affiche dix ans plus tard, et qui n'est pas sans rappeler celle de Jil Sander.
Ma tenue se pare aujourd'hui d’une paire de de mocassins à bouts ouverts, aux lignes épurées et aux volumes contemporains. Confectionnés en cuir de veau brossé au fini brillant, ces chaussures se distinguent par un bout carré, une estampille discrète sur le côté et un empiècement élastique recouvert pour un ajustement optimal. La découpe géométrique de l'encolure, mise en valeur par des surpiqûres apparentes, et la semelle extérieure triple en cuir, agrémentée d'une trépointe ornée d'une roulette délicatement saillante, parachèvent ce modèle d'exception.


La bague
L'ensemble de ce look est séduisant, mais il lui manque ce je-ne-sais-quoi. Quelque chose de simple et de pourtant remarquable. J'ai longtemps cherché à apporter cette touche spéciale à ma tenue, et j'ai réalisé que, parfois, un petit geste suffit. N'oublions pas que les bijoux ne sont pas l'apanage des femmes ; ils peuvent aussi conférer aux hommes un style affirmé.
Le design de la bague A-OK en est le parfait exemple. Confectionnée en argent sterling recyclé et plaqué rhodium, sa bande de trois quarts de cercle épouse parfaitement le doigt, se terminant par deux figures “OK” symétriques qui forment un A en leur espace. Ces dernières se transforment en un personnage espiègle grâce à l'ajout de petites cornes, ajoutant ainsi une touche ludique et audacieuse à n'importe quelle tenue. Petite surprise : c’est la marque de Franck Ocean, Homer, qui confectionne ce bel objet.
Allez, on vous dit à dans deux semaines. Bon week-end !
Antoine, Doudou & Morgan
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